41% des espèces d’insectes sont en déclin, 1/3 des espèces répertoriées sont en voie d'extinction, au moins une espèce d'abeilles et de papillons sur dix en Europe sont menacées d'extinction, 4 millions de tonnes de pesticides pulvérisées sur les champs du monde entier chaque année : c’est ce qu’affirme une récente étude publiée par la fondation Heinrich-Böll et les Amis de la Terre Europe (Friends of the Earth Europe)[1].
Le problème majeur que dénonce cette étude est que 75% des cultures mondiales les plus importantes dépendent de la pollinisation par ces espèces menacées. Ces insectes, au-delà de cette fonction de pollinisateur, contribuent également à l’amélioration de la qualité du sol, ils réduisent les parasites des plantes, améliorent le rendement des cultures, créent de la matière organique à partir de plantes/animaux morts, etc. Ils font donc partie d’un équilibre fragile mais nécessaire quand les conditions naturelles sont respectées. Or, ce n’est plus le cas.
Les lobbies agrochimiques tels que BASF, Bayer, Syngenta, Monsanto, dominent le marché des pesticides. Ils font entres autres pression sur les gouvernements, ruinent des familles entières indiennes[2], brésiliennes[3], africaines[4], bloquent toutes les décisions visant à améliorer la qualité des protocoles d’homologation des produits phytosanitaires[5], ou encore exportent à l’étranger des produits interdits d’utilisation dans leur pays de production[6], pour ne citer que quelques actions.
Mute Schimpf (responsable de la campagne alimentaire des Amis de la Terre Europe) témoigne : "Les preuves sont claires : l'utilisation de pesticides anéantit les populations d'insectes et les écosystèmes dans le monde entier, et menace la production alimentaire. Une poignée de sociétés contrôlent la majeure partie de l'approvisionnement en pesticides et, si elles ne sont pas contrôlées, elles continueront à utiliser leur immense influence politique pour enfermer un système d'agriculture industrielle qui continuera à anéantir la nature et à détruire les communautés rurales".
Il existe néanmoins des solutions réalisables, à condition que les gouvernements soutiennent des modèles agricoles durables. Parmi ceux-ci : réduire l’utilisation des pesticides de synthèses de 80% d’ici 2030 en soutenant la transition agricole, réformer la politique agricole en réorganisant les paiements directs afin de faire de l’environnement une priorité, promouvoir les petites exploitations agricoles biologiques, supprimer les cultures de plantes OGM pour éviter une surconsommation des pesticides, réduire la demande globale de produits agricoles dans l’UE, etc.
Mais surtout, il y a des alternatives que nous tous pouvons introduire dans notre mode de vie : manger bio, se nourrir avec des produits locaux et de saison, arrêt/réduction de la consommation de viande[7] car il existe de multiples alternatives, privilégier les cosmétiques fait maison avec des ingrédients biologiques et locaux, acheter des vêtements de secondes mains, boycotter certaines multinationales (Nestlé), implication citoyenne (manifestations, votes, intérêt), acheter des fleurs/plantes issues de l’agriculture biologique, etc.
Le gouvernement a donc une responsabilité envers un changement mais il ne faut pas oublier que la population a aussi un impact sur comment le monde évolue.
[1] http://www.foeeurope.org/sites/default/files/biodiversity/2020/insect_atlas.pdf
[1] https://exportationstoxiques.publiceye.ch/
[1] Foucart, S. (2019). Et le monde devint silencieux : Comment l’agrochimie a détruit les insectes. Seuil. lien vers le livre https://www.payot.ch/Detail/et_le_monde_devint_silencieux-stephane_foucart-9782021427424),
[1] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/11/pourquoi-la-viande-est-elle-si-nocive-pour-la-planete_5395914_4355770.html
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